Actifs sous le nom de Barbezat-Villetard depuis 2013, le duo franco-suisse se distingue très vite par des interventions radicales dans l’espace.
Prix culturel Manor Sion en 2015, Prix Aeschlimann Corti 2016 et Prix Irène Reymond 2017, ils participent à de nombreuses expositions en Suisse et à l’étranger, au Canada et aux USA. Actuellement en résidence en Corée du Sud, ils poursuivent leur travail sur la puissance de transformation de sculptures-néons sur l’espace.
Matthieu Barbezat et Camille Villetard réalisent des pièces qui modifient et composent avec l’espace, qu’elles soient conçues pour le domaine public ou dans des galeries et Centres d’art.
Les limites physiques de l’espace tendent ainsi à être repoussées, tandis que d’autres dimensions semblent surgir, et appellent à être visitées. Cette double approche est reconnaissable par l’attention aiguë que les artistes portent aux rapports entre extérieur et intérieur. Perçue comme une tension, cette relation se traduit également dans le choix des matériaux dont le néon, le verre, et par la transformation de l’ombre, de la lumière et de la fragilité en matières.
Leur rigueur leur permet de mettre en jeu dans une même pièce le paradoxe des matières. Les déclinaisons possibles du néon sont l’objet de leur recherche, qui explore le matériau et ses rapports à l’espace autant que l’ombre, la lumière ou la couleur et leur capacité à produire du mouvement. Ainsi, d’œuvre en œuvre, le néon change de statut : dessin levé de la page pour Snark, il devient sculpture dans Unequal Constancy, puis se transforme en support dans Castor et Pollux pour soutenir enfin l’espace entier dans Loop of Faith.
Après l’installation réalisée au CCSP en automne 2017 et depuis leur résidence à Séoul, ils présentent Voyage Out à la Galerie Laurence Bernard où s’imbriquent éléments architecturaux et réminiscences. Ce mélange d’éléments concrets et bruts témoigne de leur utilisation particulière du néon qui conjugue ici transparence et opacité.
Rencontre autour de trois questions:
• Comment s’est effectué le passage au néon dans votre parcours ?
Le néon est apparu dans la recherche d’un matériau qui permettrait de penser des objets en 2D et par la suite de pouvoir les réaliser en 3D.
• Vous revenez de plusieurs mois de résidence à Séoul où vous avez conçu cette exposition. En quoi l’éloignement, l’architecture et l’urbanisme coréens ont influencé la réalisation de cette exposition?
Il y a bien sûr un lien. L’évolution de l’urbanisme de la ville de Séoul va très très vite. L’état des choses, les couches successives, collages, les moments que l’on trouve dans la ville, dans ses styles d’architectures et leurs époques, se chevauchent en permanence. C’est évidemment en rapport avec le développement et la croissance économique fulgurante de ces dernières années. On a vraiment un sentiment de surimpression et de collage constant.
Mis à part les vestiges historiques, tout semble voué à disparaître aussi rapidement qu’à apparaître. C’est massif, bien implanté et pourtant jamais vraiment pérenne. Tout est en devenir permanent.
• Faut-il voir un écho dans le titre de l’exposition Voyage Out, au premier roman de Virginia Woolf ?
Peut-être un certain clin d’œil. Le titre réel du roman est The Voyage Out et une des traductions françaises pour ce livre est La traversée des apparences. On a voulu s’éloigner de ce titre-là car il semblait trop descriptif au moment de la genèse du projet. À présent, c’est vrai qu’il illustre assez parfaitement le projet développé pour la galerie Laurence Bernard.
Contrairement à chez Woolf, il n’y a pas de satire sociale dans notre travail. Par contre, nous avons bien un sentiment de dérive, de vide, de ballottement et presque d’une mélancolie. S’il faut voir une satire, c’est plutôt à l’égard de l’espace, de l’espace cloisonné, urbanisé, dont il s’agit. Nous nous efforçons de mettre en place des systèmes qui permettent de s’échapper, s’extirper d’un espace physique souvent décevant, et de créer des ponts et liens vers d’autres territoires.
Des éléments de la théorie de la dérive de Guy Debord trouvent une résonance dans le paysage réalisé ici qui s’inscrit dans la suite des territoires transitoires commencés au CCS. Ce qui confirme une direction dans notre travail.
Texte et propos recueillis par Hélène Mariéthoz, commissaire d’exposition
Actualité Barbezat-Villetard
– 06.2018 résidence Swatch, Shangaï, Chine
– 06.2018 sélection aux Swiss Art Awards, Bâle, Suisse
– 04.2018 résidence à Tokyo, Paradise Air, Japon
– 01.2018 résidence Seoul Art Space Geumcheon, Corée du Sud – 12.01.2018 Prix Irène Reymond 2017
– 01.02.2018 artgenève, Galerie Laurence Bernard
Expositions récentes
– 2018. 03. Exposition Seoul Art Space Geumcheon, Seoul, Corée du Sud
– 2017.12. – 2018. 02. Cantonale Berne Jura, Kunsthalle et Stadtgalerie Bern, Suisse
– 2017.12. Light sculptures, Galerie Lange + Pult, Auvernier, Suisse
– 2017.09. Centre Culturel Suisse, Paris
Réalisations récentes
Connivence, Kunst am Bau, bâtiment EVA Givisiez, 2017