The Chapuisat Brothers – ANTRE – Monumental installation in wood, occupying the entire gallery space and garden (10 tons of clay + 10 m3 of wood).
Répondant à l'invitation de la galerie Laurence Bernard, les Frères Chapuisat créent "Antre", installation entre architecture et sculpture, dans l'enceinte de son nouvel espace du Quartier des Bains.
Par nature espace commercial, la galerie se mue ici le temps de l'exposition en terrain de jeux pour adultes explorateurs. Dans un espace plus formel et aseptisé que celui du champ des espaces extérieurs, les contraintes liées à la superficie limitée sont l'occasion pour les Frères Chapuisat d'effectuer une transformation profonde et radicale du lieu.
Construite de manière empirique et suivant un protocole de propagation, s'adaptant aux contraintes techniques et aux particularités de la galerie, "Antre" est une grotte en lattes de bois enchevêtrées, inspirée d'une caverne réelle située quelque part dans les montagnes. Mais au-delà du résultat de l'édification de la structure, le projet artistique des Frères Chapuisat s'inscrit dans un voyage initiatique qui prend forme dès sa conception. Une fois son équipe réunie - souvent la même au fil des installations - Gregory l'aîné, emmène ses frères adoptés découvrir la source d'inspiration de la future oeuvre. Le parcours à l'intérieur de la grotte est difficile, il mêle les passages étroits à traverser, siphons d'eau, boue, obscurité. En ressortant de la grotte, le rituel est accompli. Tous savent désormais ce qu'ils vont créer.
Excavation organique à l'architecture apparemment indisciplinée, invasive, brutaliste, ANTRE est une utopie réalisée qui se découvre de l'intérieur. Une minuscule ouverture invite le visiteur à explorer les entrailles de la sculpture et à confronter sa perception à une réalité subjective. A l'extérieur, seule une cimaise blanche est visible, rappelant aux spectateurs qu'ils sont dans l'enceinte d'un white cube. Ceux qui, surmontant leur réticence à s'aventurer à travers l'entrée exigüe du boyau cellulosique, pénètrent dans le mur leur faisant face, disparaissent dans un espace inexistant de la vue des autres. Le corps devient l'unique moyen d'appréhender l'œuvre, le visiteur ne peut qu'avancer. La violence de l'entrée dans cet espace sombre et inconnu fait place à des sensations plus douces, ramenant aux souvenirs de l'enfance - le plaisir de jouer avec l'entièreté de son corps, la découverte par le sens du toucher des matières organiques et minérales. Après avoir rampé, joué des coudes et plié le corps pour se faufiler dans les méandres de bois, le visiteur reprend à certains moments de la hauteur en pénétrant dans une grotte remplie d'argile rouge.
Ce qui pourrait être pris comme un geste de critique de l'idéologie des espaces d'exposition n'est pourtant pas l'objectif principal des Frères Chapuisat. Il s'agit bien d'un parcours intérieur initiatique, où l'homme est au cœur du processus artistique, créé dans un premier temps pour le seul plaisir de l'artiste, puis reçu par l'explorateur comme une aventure génératrice de sensations oubliées, « de rêves qui mêleraient la curiosité, la surprise et l'inconfort ».
Les Frères Chapuisat ont notamment exposé au Centre Culturel Suisse de Paris, au CAN de Neuchâtel, à la FIAC dans les jardins des Tuileries (2009) et à LISTE Art Fair Basel (2010). Ils ont également participé en 2006 et 2009 à ArtBasel dans le cadre des SWISS ART AWARDS. Ils sont représentés à Paris par la Galerie Mitterrand.