Les artistes de la programmation se retrouvent au sein d'une exposition collective anniversaire.
Marion Baruch | Les Frères Chapuisat | Caroline Corbasson | Karim Forlin | Séverine Hubard | Jan Kopp | Angelika Markul | Bertrand Planes | Koka Ramishvili | Peter Regli | Marion Tampon-Lajarriette | Stéphane Thidet | Bernard Voïta
Marion Baruch, dont le travail est présenté en ce moment à la Biennale de Timisoara (Roumanie) par Ami Barak et à la Villa Bernasconi par Noah Stolz, est née en Roumanie en 1929. Elle vit et travaille à Gallarate dans la banlieue milanaise. L'artiste a développé depuis les années 1960 une pratique conceptuelle, engagée et féministe, qui aujourd'hui se poursuit autour de la matière avec des lambeaux de tissus, chutes récupérées auprès des usines de textile, qu'elle relève et révèle d'un geste simple et minimal.
Les Frères Chapuisat, artistes suisses nés en 1972 et 1976, disséminent leurs installations en déclinant des protocoles de construction organique et éphémère. De façon similaire, les artistes présentent ici une troisième version de leur protocole de néon élaboré avec des artisans - souffleur de verre et néoniste. Après L'Ambition d'une idée (2010) et Argon Vs Neon (2016), Argon > Neon (Proto #1) fait intervenir deux gaz, neon et argon, qui interagissent par transfert d'énergie.
Caroline Corbasson expérimente avec l'oeuvre Field I, des techniques de transfert photographique d'images, utilisant le hasard, la survenue de l'accident et la contingence dans la matérialité. On pourrait y voir une forme de réappropriation humaine de cette aura que la machine a dérobée ou une volonté de se rapprocher de l'altérité qui travaille la réalité depuis son origine : en un sens, ses photographies de poussières vues au microscope puis transférées sur de l'émulsion argentique et développées comme une photographie ancienne participent du même mouvement que celui qui lui a fait dessiner au charbon des photographies d'étoiles. Caroline Corbasson est née en 1989, elle vit et travaille à Paris.
Les oeuvres de Karim Forlin révèlent des liens entre paysages et territoires et portent en elles une force intrinsèque due à leur ambivalence. La rudesse des matériaux bruts - le chanvre dans les oeuvres Finite infinity - contraste avec des interventions sémiologiques fines dégageant une subtile poésie. Né en 1977 à Locarno en Suisse, l'artiste vit et travaille à Genève. Après une formation en architecture du paysage, il rentre à la Haute Ecole d'art et de design de Genève (HEAD). Sélectionné pour les Swiss art awards en 2015, Karim Forlin remporte en 2016 le Prix Migros Tessin pour l'encouragement à la création artistique. La Sonnenstube de Lugano lui consacre actuellement une exposition personnelle.
Peut-être plus encore que des sculptures, ce sont des constructions tridimensionnelles que l'artiste française Séverine Hubard, née en 1977, réalise. Elle utilise les règles et matériaux usuels du bricolage pour en faire ce dont elle a besoin, non ce à quoi ils sont normalement destinés. Qu'il s'agisse de grandes constructions comme son labyrinthe en portes et fenêtres de récupération, de motifs décoratifs réalisés à la défonceuse ou encore de petits moulages, son travail met chaque fois en œuvre une méthodologie spécifique (langage technique...) qui à la fois dérègle la grammaire propre à l'expression artistique et les notions d'échelle et d'espace. En prenant ainsi en compte la vie telle qu'elle semble organisée, Séverine Hubard propose une réalité hallucinée, la sienne agencée selon son désir, invitant par là même le spectateur à se laisser dérouter par sa Komet.
Vidéaste, dessinateur, sculpteur, Jan Kopp réalise des installations, des performances, autant d'oeuvres composites et poétiques qui induisent une perception active du temps et de l'espace. Ses réalisations tendent avant tout à rendre sensibles des possibles du positionnement individuel: elles suggèrent des appropriations de l'espace, suscitent un usage particulier des objets, telle l'oeuvre Lunch Bag #12, et invitent au mouvement en déplaçant le regard. Sa matière brute est variée, souvent piochée, glanée dans l'ordinaire ou dans l'urbain. L'artiste est né en 1970, il vit et travaille à Lyon.
Angelika Markul, née en Pologne en 1977, vit et travaille à Paris. Elle est lauréate du Prix Maif pour la sculpture et participe avec son nouveau projet vidéo à la « Biennalsur » de Buenos-Aires. Les oeuvres de l'artiste placent le regardeur dans un jeu de forces qui provoque le vertige. La nature y joue un rôle prédominant et, à la faveur d'une situation exceptionnelle, se déchaîne. Au travers des sculptures, installations et vidéos de Markul, le travail de la nature reprend ses droits mythologiques sur la transformation du monde. Feutrine, cire, font parties des matières de prédilection de l'artiste. Tchourioumov-Guérassimenkoa, surnommée « Tchouri » b est une comète périodique du système solaire. Elle est nommée d'après le nom de ses découvreurs, en l'occurrence les astronomes soviétiques (aujourd'hui ukrainiens) Klim Ivanovitch Tchourioumov et Svetlana Ivanovna Guérassimenko, qui ont observé l'astre sur leurs plaques photographiques le 23 octobre 1969 à Kiev. Cette comète est la destination de la sonde Rosetta de l'Agence spatiale européenne, lancée le 2 mars 2004. L'atterrisseur, Philae, s'est ensuite posé sur la surface de la comète le 12 novembre 2014.
Plasticien-programmeur issu des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD) et de l'école supérieure d'arts de Grenoble, Bertrand Planes, né en 1975 à Perpignan, remet en cause la finalité de l'objet d'art à travers sa pratique protéiforme. Dénaturant l'impératif fonctionnel et commercial de l'objet produit en série, tout en conservant ses qualités esthétiques, l'artiste détourne l'objet de ses fonctions premières pour lui en attribuer de nouvelles et l'investir de sens parfois contradictoires à leur usage originel. Ici, l'artiste présente She Who, ready-made d'un bouquet de fleurs artifcielles, souvenir de sa résidence à la Villa Kujoyama de Kyoto, fanées et présentées dans un vase produit en masse.
Koka Ramishvili, né en 1956 à Tbilissi en Georgie, vit et travaille depuis plus de quinze ans à Genève. La galerie lui a déjà consacré deux expositions personnelles Aeroland et Light Machines, Part I . How I Built the New World Order on my Balcony. Lors de sa première exposition personnelle, l'artiste avait conçu les premiers Lost Landscapes, comme des contre-points aux paysages présents dans ses larges peintures. Territoires abstraits, entre sculpture, installation et peinture, ces éclats colorés et vibrants, présentés ici en diptyque, viennent nourrir la pratique de Ramishvili autour de la déconstruction de la peinture.
Peter Regli, né en 1959 en Suisse, vit et travaille à New York. L'artiste vient de rejoindre la programmation de la galerie. Regli initie dans les années 1990 son projet Reality Hacking, série d'interventions temporaires et souvent anonymes dans l'espace public. Balayant quatre continents, Reality Hacking rassemble aujourd'hui plus de trois cent interventions. En parallèle de ce travail aux confins du Land Art et de l'Interventionnisme, Regli développe depuis quelques mois un travail sur papier, se confrontant à la brutalité abstraite de l'encre de Chine. Encore une fois, avec les oeuvres présentées dans l'exposition, l'artiste joue avec nos représentations, nos attentes et notre capacité à chercher du familier dans le plus abstrait.
Marion Tampon-Lajarriette, est née à Paris en 1982. Elle vit et travaille à Genève. Après des études à La Villa Arson et à l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, elle complète sa formation à la HEAD, Genève en Nouveaux médias. Ses oeuvres examinent différents modes d'appréhension de l'image, notamment cinématographique ou photographique comme ici avec Mundus, grottes aux allures anthropomorphiques. Après avoir participé au Salon de Montrouge en 2009, Marion Tampon-Lajarriette expose notamment au Palais de Tokyo (FR, 2010, 2016), au Swiss Institute de New-York (USA, 2013), au Centre d'Art les Brasseurs à Liège (BEL, 2015). En 2016, elle participe aux Swiss Art Awards à Bâle et effectue en 2017 une résidence à l'Institut Suisse de Rome.
Stéphane Thidet, né en 1974 vit et travaille à Paris. Avec Les Immortelles, et comme souvent dans la démarche de l'artiste français, l'usage de matériaux est associé à des gestes simples de transformation qui permettent de mettre en doute nos certitudes et nos automatismes en introduisant de la fiction dans le réel et du réel dans l'espace d'exposition. Dans ses sculptures et installations, l'artiste met régulièrement en jeu d'éternelles oppositions. Se côtoient le concret et l'abstrait, le terrestre et le céleste, l'arrêt et la mobilité.
Bernard Voïta, né en 1960 en Suisse, vit et travaille à Bruxelles. Travaillant avec la vidéo, l'installation ou la sculpture et principalement avec la photographie, Bernard Voïta interroge la représentation et explore à l'aide d'installations accumulant des objets hétéroclites, la question de l'espace dans ses relations avec l'image. L'artiste présente l'une de ses dernières oeuvres, Jalousie, revisitant avec ce tableau/sculpture, la tradition du monochrome et celle des sculptures du courant d'art minimal américain de la fin des années 1960.