La Galerie Laurence Bernard est heureuse de présenter TACANDE la seconde exposition personnelle de Marion Tampon-Lajarriette avec la galerie. Le vernissage aura lieu le samedi 6 novembre de 15h à 18h en présence de l'artiste et la galerie restera ouverte le samedi 6 et le dimanche 7 novembre, de 11h à 18h, à l'occasion du week-end organisée par l'association GENEVE.ART.
TACANDE*
Marion Tampon-Lajarriette
06.11.2021 - 17.12.2021
"C’est l’hiver dernier que j’ai eu un coup de foudre pour la terre volcanique qui donne forme aux séries d’images et de céramiques présentées dans cette nouvelle exposition personnelle à la galerie Laurence Bernard. Cette petite île désertique de l’extrême Est de l’archipel des Canaries, le Lanzarote, où j’ai prolongé mon séjour au plus long alors que le monde semblait s’être arrêté, tous projets et lieux culturels suspendus ; un ami m’y avait propulsée, me prévenant que tout y ressemblait étrangement aux décors des vieux films fantastiques convoqués dans mon travail vidéo passé… Et c’était bien ces lieux, explorés d’abord par la fiction et le rêve, que j’arpentais alors éveillée ; visions achroniques de déserts volcaniques dont quasiment toute forme de vie, végétale ou organique, était encore absente. Je m’immergeais dans ces paysages comme issus du début des temps, d’autant plus désertés que nous subissions une nouvelle vague de restrictions sanitaires.
Dans ce contexte de crise globale liée à la pandémie, ces paysages questionnaient d’autant plus fort notre place d’humain.e.s sur cette planète qui nous accueille après une si longue enfance d’effusion de laves. Cette planète nous laisse ainsi une place aux côtés des autres formes de vies micro ou macroscopiques qui s’y sont installées ; une place éphémère au cours de son activité volcanique et sismique millénaire qui reprend régulièrement ses droits, comme actuellement sur l’île voisine de la Palma où les éruptions ne cessent depuis le 19 septembre. Cette expérience vécue solitairement était comme une leçon d’humilité. Plongée dans ces paysages et dans mes recherches sur la géologie et l’archéologie de ces îles, les mystérieux podomorphes m’ont interpellés ; traces dans la roche symbolisant des paires de pieds, que l’on retrouve près des rares sources d’eau et points de vue élevés panoramiques. Sur ces terres hostiles, les humain.e.s marquaient leurs présences, ou celle de leurs dieux ; celles et ceux qui « ont été ici ».
Ainsi commença à prendre forme les séries d’images « Podomorfos » et de céramiques « Tacande », réalisées sur place avec l’argile de ces sols volcaniques. Réalisations hantées par les traditions et légendes locales ; l’héritage autochtone guanche de ces îles, ses poteries et symboles inscrits dans le paysage… Dans le diptyque vidéo « Ballade de l’holobionte », ces mêmes sites sont habités par des éléments étranges inspirés de micro-organismes unicellulaires; premières formes de vie apparues sur Terre. Ces bactéries et parasites invisibles qui, présents dans tous les milieux et sur toutes les surfaces, nous constituent aussi en grande partie. La série de céramique, réalisée selon les pratiques traditionnelles locales, utilise uniquement les éléments trouvés sur place ; la terre brûlée de cette île, argileuse, colorée, et les outils réduits principalement aux pierres et os trouvés, et à nos mains. Et cet art ancestral de travailler les quatre éléments; la terre avec l’eau et l’air, du modelage ou séchage, finit par un grand feu."
Marion Tampon-Lajarriette, novembre 2021
Remerciements tout particuliers pour les artisans céramistes passionnés qui m’ont ouvert les portes de leurs ateliers pendant ces mois de découvertes et d’expérimentations à leurs côtés : José Miguel Clavijo Robayna dans le village de Haría et José Aradas à Teguise, Lanzarote. Conseil design table: Giulio Parini
Vidéo « Ballade de l’holobionte (Tonada del holobionte) », voix : Stéphanie Nuñez, Miriam Almendral
modélisation 3D et compositing : Dominique D.Hoarau - DH3D Studio
* Tacande : « terre brûlée / volcan » en guanche ; langue préhispanique canarienne aujourd’hui éteinte