De retour de résidence à l'Institut français de Kyoto, la célèbre Villa Kujoyama, Bertrand Planes présente sa seconde exposition personnelle à la galerie Laurence Bernard à Genève.
Intitulée Abîmes et sommets, d'après la série d'oeuvres éponymes accrochées dans la deuxième salle, l'exposition présente également de nouvelles oeuvres, directement inspirées par le séjour japonais de l'artiste.
Travaillant régulièrement en collaboration avec des scientifiques, l'artiste a souvent le réflexe d'intégrer dans son quotidien des instruments de mesure afin de quantifier des données qui ne le sont généralement pas. Pour la série d'oeuvres qui donne son nom à l'exposition, chaque matin pendant plus d'un an, Bertrand Planes a évalué son humeur grâce à une échelle de dix niveaux allant de 0 à 10, 0 étant l'état le plus grave et déprimant, 10 correspondant à un état extatique, sans retour. Non sans ironie et distance, et dans une démarche qui invite à la critique et à la réflexion, l'artiste résume en chiffres son état émotionnel à travers plusieurs diagrammes.
Profondément ancrées dans la pratique artistique de Bertrand Planes, les oeuvres récentes et inédites de l'artiste détournent des procédés techniques afin de décaler notre regard sur les choses en sur-jouant, en exagérant, voire en caricaturant des pratiques ou des situations. L'artiste nous renvoit un miroir et nous permet avec humour d'investiguer des champs très sérieux de réflexions.
Kumano Kodo - Nakahechi, 2018
L'installation constituée d'un tapis de course mécanique et d'un écran, donne la possibilité au visiteur de parcourir physiquement l'itinéraire du pélerinage de Kumano Kodo (à 200 km environ d'Osaka) effectué par l'artiste en décembre 2017. Armé d'une caméra accrochée au thorax, Bertrand Planes a parcouru les 39kms du pélerinage boudhiste tout en filmant son cheminement. Avec cette installation, l'artiste s'interroge sur la possibilité de dématérialiser une certaine dimension spirituelle. Le pélerinage est-il valable, cette expérience, si toutefois elle était complétée en son entier par le visiteur, ferait-elle foi ?
60 points selfie, 2018
Cette oeuvre est née de la volonté de l'artiste de non seulement retrouver les contraintes techniques de la programmation numérique qu'il éprouvait adolescent lorsqu'il créait ses premiers logiciels, mais aussi de s'éloigner des pixels, qui sont devenus omni-présents dans notre société et de présenter des dessins aux formes épurées, simples, grâce à la technique vectorielle. Le dessin projeté par le laser reproduit un paysage aperçu par l'artiste lors de son pélerinage de Kumano Kodo. S'affranchissant du mode de représentation digitale majoritaire, l'artiste nous propose de prolonger cette reflexion qui émane du monde numérique vers une thématique philosophique plus générale.
Stéréocosmos, 2016 (Présentation d'un travail en cours)
Les photographies intitulées Stéréocosmos sont rétro-éclairées afin d'être le plus réaliste possible. Grâce à un procédé technique imaginé par l'artiste, ces images émettent et réflechissent de la lumière. Elles seront complétées dans un second temps par la même image du ciel prise à six mois d'intervalle - donc à 300 millions de kilomètres d'écart - afin de pouvoir restituer toute sa profondeur au ciel étoilé.