C'est autour du thème de l'équilibre que Jan Kopp a imaginé sa première exposition personnelle à la Galerie Laurence Bernard. Artiste protéiforme, Jan Kopp aime à capter les moments infimes de notre existence, dans lesquels les êtres comme les objets échappent, l'espace d'un court instant, à leur destinée ou leur fonction. C'est dans cet intervalle imperceptible entre deux phénomènes que l'artiste construit son œuvre.
CONSTELLATIONS ORDINAIRES # 4
Loin de circonscrire l'équilibre à ses seules propriétés physiques, Jan Kopp examine aussi le phénomène sous l'angle de la psychologie perceptive, comme en témoigne un ensemble de terres cuites de grandeurs variables. Disposés à la manière d'un inventaire ou suspendus, ces objets aux formes arrondies semblent provenir d'un champ de fouilles et appartenir à une époque archaïque. Toutefois, s'intitulant Gespenster (spectres) l'installation laisse planer le doute et explore la ligne fine qui sépare le poétique de l'inquiétant. A mieux y regarder, les supposés vestiges archéologiques ressemblent davantage à un arsenal militaire. Amphores ou obus, sculptures primitives ou missiles de guerre, Jan Kopp brouille les pistes et livre dans le sillage des théoriciens de la forme une démonstration de l'existence d'aspects préconscients qui influence notre perception du monde.
De manière similaire, la vidéo Balançoires fait écho à l'ambivalence de nos perceptions. Balançoires transforme le mouvement dynamique d'enfants se balançant en vol d'oiseaux.
Du changement d'aspect visuel ou basculement, il n'y a qu'un pas que Jan Kopp propose au visiteur de franchir au moyen d'une sculpture (édition de 5) à mettre en mouvement. L'installation Constellation ordinaire # 4 composée d'une bascule dont la tige longiligne s'élève d'un tabouret en bois - clin d'œil discret au socle de la célèbre roue de bicyclette de Marcel Duchamp - permet au visiteur de faire par lui-même l'expérience de la pesanteur et de la recherche du point d'équilibre. Sur l'axe horizontal de chaque balancier s'alignent des poids circulaires de grandeur, de densité et de couleurs différentes que le spectateur peut librement avancer ou reculer pour parvenir à stabiliser la sculpture. Œuvre cinétique, le balancier de Jan Kopp rappelle aussi par sa silhouette élancée et sa géométrie certaines compositions suprématistes.
Enfin, Jan Kopp clôt son exposition par une série de dessins et d'aquarelles sur papier dont la fragilité des supports rejoint la thématique générale de l'exposition. Les compositions intitulées Voiles 2, 3, 4et Ville sur mikado repoussent les lois de la gravité. Ces constructions colorées et graciles ne sont portées que par la force du vent et laissent l'esprit du spectateur s'évader au gré de l'air.